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    FFF #06 - Les Soeurs Souffrantes

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    Texou31
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    Messages : 11
    Date d'inscription : 29/03/2018

    FFF #06 - Les Soeurs Souffrantes Empty FFF #06 - Les Soeurs Souffrantes

    Message  Texou31 Jeu 17 Mai 2018 - 20:57

    Aurora est une religieuse qui a prononcé ses vœux dans les ordres des Sœurs Souffrantes. Cet ordre religieux est ancien et respecté. Leur nom vient de l’époque où elles ont été formées, durant la Guerre du Sable. Cette histoire conte sa genèse.

    Dans la région désertique du monde nommée Al-Bariya vivent de nombreuses tribus nomades. Lors d’une sécheresse encore plus rude qu’à l’accoutumée, une guerre pour l’accès à l’eau éclata. Des pactes se conclurent et en découla l’un des plus importants conflits de l’histoire de ce désert : la Guerre du Sable. Des milliers de soldats, mais aussi de femmes et d’enfants, perdirent la vie par le fil de l’épée ou par le manque d’eau.

    Une seule tribu resta neutre dans ce conflit. Les Azraqs, reconnaissables par leur tenue bleue, étaient un peuple pacifique, connus pour leur hospitalité, leur bienveillance et leur sens du commerce. Enfin, ils faisaient partie des rares tribus possédant un troupeau pour la consommation et non pas seulement le déplacement.
    Très tôt, durant la Guerre du Sable, les Azraqs se firent attaquer. Leurs agresseurs leur prirent quasiment tout : leur eau, leur nourriture, leur bétail et la vie de leurs hommes. La tribu devint un groupe errant de femmes et d’enfants. Ils luttèrent des jours sous le soleil et entre les dunes.

    Nir, la femme du feu chef du village eut une révélation. Mara, la Déesse-Mère, lui parla : « Ma fille, regarde ta famille. Leurs jambes ne sont-elles pas lourdes ? Leur peur ne brûle-t-elle pas ? Le soleil n’aveugle-t-il pas les yeux innocents de tes enfants ? Ne devrais-tu pas les guider et les soigner ? » Nir comprit que le destin avait mit à l’épreuve son peuple et qu’elle devait l’aider de toutes ses forces. Elle voulut guider sa famille à l’est, où il y avait une ville. Mais Mara lui parla encore : « Ma fille, emmène ton peuple à l’ouest. Tu pourras ainsi aider... ».

    Nir emmena son peuple à l’ouest. Là où il n’y avait rien. Encore une fois, Mara lui parla : « Ma fille, ton peuple se meurt. Mais il faut avancer plus loin. »

    Donc Nir avança plus loin. Le voyage, sans ressource, consumait son peuple. Les anciennes furent les premières à mourir. Peu après, ce fut au tour des enfants. Mara parla encore une fois : « Ma fille, maintenant tu n’es plus mère. Maintenant, tu n’es plus fille. Aujourd’hui, tu n’es plus que sœur. Avance encore mon enfant et tu aideras. »

    Nir et ses sœurs avancèrent toujours plus. Le soleil les brûlait. Le sable les rongeait. Le vent les affaiblissait. Un jour, elles croisèrent un autre groupe de nomades qui fuyaient la guerre. A la vue de leur état, ils proposèrent leur aide en leur offrant de l’eau et de la nourriture. Mara parla à Nir : « Ma fille, observe cet homme qui te tend ce pain. Tu dois l’aider. Observe sa famille, son enfant malade, sa mère aveugle et sa femme rongée par le voyage. Observe son peuple et ses caravanes. Ne vois-tu pas qu’il est pauvre et qu’il lutte. » Nir voyait bien que les gens qu’elle venait de rencontrer souffraient autant qu’elle. Ils avaient certes de l’eau et du pain, mais leur voyage allait être difficile. Mara parla encore : « Ma fille, laisse lui son pain et son eau. Tu peux faire en sorte qu’il souffre moins et que ses enfants puissent vivre. »

    Nir et ses sœurs laissèrent les voyageurs derrières elles, sans prendre de leur pain ou de leur eau. Elles continuèrent encore, à travers les dunes et le vent. Nir souffrait. La peau de ses épaules s’écorchait. Ses mains ne pouvaient plus se serrer. Ses yeux étaient aussi secs que le sable qui lui fouettait le visage. Ses pieds saignaient et tachaient sa robe bleue.

    Nir et ses sœurs aperçurent enfin une ville aux bâtiments blancs à l’horizon. Mara parla : « Hâte-toi ma fille. Toi et tes sœurs doivent atteindre cette ville. Ils ont besoin de vous. ».

    Arrivées dans la ville, elles ne trouvèrent que désolation et tristesse. La fumée n’était pas celle des fourneaux mais celle des maisons en feu. L’eau ruisselait pas, mais le sang oui. Aux pieds de Nir, un guerrier agonisait. Il tendait une main tremblante, implorant de l’aide. Il remuait les lèvres, incapable d’émettre un seul son. Mara parla : « Ma fille, te voici devant ton destin. Tends les mains et soigne-le. Tends les mains et aime-le. Tends les mains et prie. Prie pour la vie. Prie pour l’amour. Prie pour que les enfants grandissent et puissent devenir vieux. Prie pour que l’arbre de la vie ne meure jamais. Prie pour qu’il n’y ait plus à souffrir. Souffre pour que le malade puisse se relever. Souffre pour que ceux qui n’en peuvent plus de souffrir. Souffre pour que ton prochain s’apaise. Toi et tes sœurs ont maintenant ce pouvoir : c’est ma bénédiction. »

    Nir, agenouillée auprès du soldat blessé, posa ses mains sur les plaies ensanglantées et pria en silence. La force de Mara lui traversa le corps pour la première fois. Les plaies du guerrier se refermaient mais celles de Nir s’aggravaient. La première Sœur Souffrante était Nir et son peuple était les suivantes.

    Les Sœurs ne purent par la suite que s’enchanter du bonheur des autres. La bénédiction de Mara ne fonctionnait pas entre elles. Les Souffrantes ne pouvaient faire autrement que de supporter le malheur des autres.

    Elles restèrent neutres durant le reste de la Guerre du Sable. Elles n’ont pas eu d’effet particulier sur la fin du conflit. Cependant, le nombre de mort dans les deux camps aurait été bien plus grand si elles n’avaient pas été là.

    Après la fin de la guerre, Nir voyagea dans les pays qui lui étaient inconnus, aidant ceux qu’elle pouvait.

    La lignée des Sœurs Souffrantes ne fut jamais éteinte. De nouvelles sœurs rejoignaient le mouvement peu à peu. Elles portent aujourd’hui toutes une robe bleu foncé avec une tache rouge à un endroit, en hommage à Nir. Un seul crédo rythme leur vie : « Panse l’autre ; tes blessures ne sont rien. C’est dans l’apaisement du monde que tu trouveras le tien. »

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